A propos du pianoforte Bernhardt 228

Présentation de l'instrument.

    Ce piano "carré" a été retrouvé récemment dans une maison de Vendée. Il servait de meuble pour la  décoration et, à part une ou deux notes, ne fonctionnait plus.

     Il est sans doute le « frère jumeau » de celui qui est au Musée de la Musique de la Philharmonie à Paris,  numéroté 227 (Bernhardt 227), mais il lui manque la lyre qui apparait sur ce dernier. En plus du cartouche de la barre d'adresse, la signature du facteur apparaît sur la table d'harmonie, près du chevalet.


Impression générale.

    C'est un meuble imposant et lourd. Avec un fond de 6 cm d'épaisseur et une éclisse de même épaisseur, son poids doit avoisiner les 150 à 200 Kg. Il a fallu pas moins de trois personnes pour le hisser sur mon établi !
    Le clavier est complet (73 touches) pour 6 octaves de fa0 (F1) à fa6 (F7). Les naturelles sont plaquées os, et les feintes plaquées ébène. Une fausse table, recouvre l'ensemble de l'instrument, sans doute pour atténuer le son.


    Le plan de cet instrument dérive directement de celui des clavicordes : chevilles sur un sommier à droite, à côté du chevalet, et pointes d'accroche à gauche, cordes inclinées d'environ 15° par rapport à l'axe du clavier. Mais contrairement aux clavicordes, la table d'harmonie se prolonge de la droite vers la gauche (innovation due au facteur Petzold, vers 1814). Le chevalet est systématiquement "contrepointé" pour alléger la charge sur la table d'harmonie.

    Ce piano est un "bicorde", chaque marteau frappant seulement deux cordes. Il n'y a pas de cordes filées. La partie vibrante de la corde du fa0 (F1), non filée, fait 149cm avec une corde de 0.051 pouce (1,29mm). Par rapport à un clavecin français de 1750, l'ajout d'une octave supplémentaire se fait donc dans les aigus.

    Au niveau du sommier, toutes les chevilles (cylindriques de 55mm de long et 5.8mm de diamètre, à tête rectangulaire) sont en place et quelques cordes sont manquantes ou cassées. On remarquera l'indication des notes sur le sommier
.


    La mécanique est de type Petzold.

Schéma repris du livre d'Alain Moysan, "La restauration des pianos anciens, des origines à 1750"


 Elle est très déficiente : des feutres ont été bouffés par des souris,



les marteaux sont en piteux état, certains sont cassés et il manque la moitié des pilotes d'étouffoirs.


Enfn la table d'harmonie est fendue en son milieu; en fait ce sont deux planches constituant la table qui se sont décollées.

Bref, un tableau peu engageant ! Beaucoup de travail à faire ! 

Mais c'est un challenge de faire revivre cet instrument et de le réentendre comme ont pu l'entendre Chateaubriand, Victor Hugo ou leurs contemporains !

Jean-Pierre Baconnet



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